C’est dimanche jour du Seigneur et notre spécialiste liturgique est au rendez-vous
Dans la chronique de la semaine dernière, nous rappelions que, dans l’antiquité, la célébration eucharistique prenait fin après la prière après la communion. En effet, après celle-ci, il revenait au diacre de renvoyer l’assemblée, et le pape, qui présidait la synaxe benissait les fidèles pendant la procession qui le ramenait à la sacristie.
Avec le temps apparut dans l’usage romain une autre oraison, l’oraison « ad complendum ». Cette prière, prononcée les mains étendues sur le peuple, servait de formule de bénédiction. (Elle est toujours en usage pendant le temps du carême.) Cette oraison « ad complendum » et la bénédiction de l’évêque lors de la procession sont à l’origine de la bénédiction sacerdotale donnée dans le rite de conclusion qui termine la messe.
C’est par le signe de la Croix qu’a commencé le Saint-Sacrifice. C’est par le signe de croix du prêtre tracé sur les fidèles qu’il se conclut : « Que Dieu tout-puissant vous bénisse, le Père, et le Fils, et le Saint-Esprit. AMEN. »
Pour conclure cette courte chronique, voici une anecdote montrant l’attachement profond des fidèles romains pour cette bénédiction conclusive de la messe : le 22 novembre de l’an 545, le pape Vigile célébrait le Sacrifice eucharistique à la basilique Sainte-Cécile-du-Transtévère pour la fête de la célèbre martyre romaine. Alors que se terminait le rite de communion, des soldats de l’empereur Justinien, récemment excommunié, pénètrèrent dans la basilique pour s’emparer de l’évêque de Rome et pour l’emmener en exil à Constantinople suivant les ordres de l’empereur.
La foule des fidèles suivit les soldats, protestant qu’ils ne laisseraient pas partir le pape tant qu’il n’aurait pas prononcé l’oraison sur le peuple et la benediction. Devant la véhémence du tumulte provoqué par les romains, les soldats durent céder cette concession aux fidèles, et ils laissèrent le temps au pape Vigile de donner son ultime bénédiction aux habitants de la Ville éternelle.